Depuis novembre dernier, le gouvernement communique sur sa politique de transition écologique qui voudrait encourager les ménages à abandonner le chauffage au fioul d’ici dix ans. Sans pour autant imposer l’interdiction du chauffage au fioul au-delà de 2028, cet objectif est une orientation politique n’ayant fait l’objet d’aucun débat !
Or, aujourd’hui en France, le chauffage au fioul équipe près de 4 millions de logements, soit environ 10 millions de personnes habitant essentiellement en zones rurales. Pour la majorité de ces ménages, il n’existe pas pour l’instant d’alternative susceptible de remplacer avantageusement le fioul domestique. En effet, le fioul domestique est une énergie qui ne dépend pas d’opérateurs centralisés de réseaux tels que EDF, Engie, etc. Il permet un apport énergétique en tout point du territoire et une relative autonomie.
Le gouvernement propose une prime à la conversion à 1€ pour les chaudières fioul et gaz… mais ces primes ne concernent que les ménages les plus précaires, le reste à payer étant beaucoup plus élevé pour les autres ! Les chaudières à condensation ne sont d’ailleurs pas comprises dans ce dispositif et le matériel de remplacement sera très probablement d’entrée de gamme. Outre un financement flou de ces primes, se pose une question plus pressante : alors que le réseau électrique est déjà au bord de la rupture en hiver, que se passera-t-il lorsque les 10 millions de Français se chauffant au fioul seront passés à l’électrique ? Faudra-t-il construire de nouvelles centrales nucléaires ?
Ces attaques contre le fioul oblitèrent non seulement la réalité du terrain mais également les efforts menés par les distributeurs de fioul pour trouver des solutions afin de s’inscrire dans la transition écologique. En association avec les agriculteurs locaux, la profession développe, par exemple, un bioliquide de chauffage incorporant un pourcentage évolutif d’ester de colza dans le fioul classique. Des tests sont en cours pour valider la possibilité technique d’augmenter progressivement la part d’énergie renouvelable dans le fioul afin de changer radicalement sa nature fossile ; l’objectif est d’arriver, à terme, à un combustible 100% d’origine renouvelable. Par ailleurs, les chaudières de dernière génération permettent dès aujourd’hui de consommer moins de fioul et peuvent être couplées avec des énergies renouvelables, comme l’énergie solaire.
Enfin, ces attaques mettent en danger toute une filière composée d’environ 1 500 TPE et PME implantées au cœur des territoires et qui emploient près de 15 000 personnes (chauffeurs-livreurs, commerciaux, secrétaires…). Ce sont des entreprises qui participent activement au dynamisme économique et social de nombreuses zones rurales et assurent par ailleurs les livraisons en énergies des entreprises de travaux publics, des agriculteurs ainsi que l’approvisionnement des stations-service rurales.